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Intention

Une photographie est un espace virtuel ou réel à l’intérieur duquel des éléments vont susciter une projection intellectuelle du spectateur. Les éléments photographiés ne sont en fait que des piliers à vocation esthétique ou symbolique. Ils évoquent, s’interpellent pour dire ou pas, ce qui peut être entendu par un œil externe.
 
Cette relation incontournable entre le mot et l’image est la spécificité de l’image.
Ce qui rend la photographie unique, c’est son côté instantané qui lui offre sa raison d’être. Toute photographie qui aurait pu être substituée par une toile parfaite devient un parti pris de plasticien, mais pas une œuvre de photographe. L’instant se lira dans la situation et dans le regard de l’opérateur au travers d’un sujet mobile au sens large, comme peut l’être le regard du photographe parfois conditionné par une idée qui apparaît puis disparaît. Un paysage est un instantané parce qu’il évolue avec la lumière, le vent et la position de l’appareil, mais surtout parce qu’il revêt un intérêt à un instant ‘T’ et parfois aucun avant ou après ce moment.
 
L’idée de définir ainsi la photographie comme un ‘temple’ qui est en fait une extraction d’un espace projeté vers un autre, permet de la situer autant dans l’œil du spectateur que dans celui du photographe. Lorsque les deux regards retiennent le même message l’objectif est atteint, celui du langage : être compris. On peut ajouter à ces éléments une notion complémentaire ou antagoniste : la perception est toujours supérieure au réel.
 
Une image se suffit à elle-même et n’a pas besoin d’un discours, et si celui-ci est nécessaire, sa présence prouve l’échec de son auteur. Un lieu, une date tout au plus, vont permettre à la photographie de trouver son positionnement dans l’espace et le temps. Imposer une ou des explications à un public est une forme d’autoritarisme symptomatique avouant implicitement la nullité de l’œuvre. Créer à partir d’un espace fini un message, une intention, une sensation, c’est aussi investir l’autre d’une liberté totale pouvant l’amener à repousser ou à s’approprier l’œuvre. Les icônes sont autonomes, ils n’ont pas besoin de béquilles, ils traversent le temps en ensemençant les esprits. Telle est la grande destinée des images à l’intérieur desquelles seules les bonnes photos trouvent leur place.

Pour un photographe cette aspiration est une espérance, une quête dont il sait qu’elle est comme une asymptote vitale de sa  propre trajectoire.

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